Auteur : Pascal Herault

  • Ton silence

    Je tourne dans les rues
    Comme je tourne dans ma tête
    Prisonnier d’une quête
    Sans but

    Thésée sans labyrinthe
    Chevalier sans Graal
    Ployant sous la grêle
    Des souvenirs

    Qui pour m’abriter ?
    Pas tes bras sans épaules
    Pas ton cœur mis à sécher
    Sur la corde de la Raison

    Je tourne dans ma tête
    Comme je tourne dans les rues
    Te cherchant aux carrefours
    Cherchant mon visage

    Sans reflet est mon visage
    N’imprimant que le mur
    D’un labyrinthe de mots
    Bruissant de ta voix

    Qui s’est tue.
  • Hellebore


    J’aimerais tant que tu sois là
    Comme le ciel au-dessus de ma tête
    Comme la terre sous mes pas

    J’aimerais tant que tu sois là
    Comme le soleil sur l’eau gelée
    Comme la fleur en hiver

    J’aimerais tant que tu sois là
    Dans cette répétition des mots
    Qui te ferait advenir

    Comme la première fois
    Où je t’ai reconnue
    Moi qui ignorais tout de toi

    Moi qui ne voyais plus le ciel
    Ni la terre sous mes pas
    Et gelé comme l’eau en hiver

    J’aimerais tant que tu sois là
    Non pour retenir
    Mais pour faire advenir

    La fleur en hiver
    L’épaule douce des mots
    A la commissure de tes lèvres.

  • Nouvelle parution.

    Mon quatrième recueil de poèmes commencé en Octobre 2024.

    Recueil de poèmes entamé en Octobre 2024. Tout est sur la quatrième de couverture…

    https://www.editions-harmattan.fr/…/l-horizon-de…/80382

  • Cécité du coeur

    Tu étais le jour en pleine nuit
    Quand tu ouvrais mon cœur

    Qu’as-tu fait du tien
    Offert à celui qui le ferme ?

    Tu es devenue la nuit
    Dans le jour de mon cœur

    Et tes yeux ouverts
    Restent fermés sur les miens.
  • Désir entêtant

    Tu es ce désir entêtant
    Sans tête ni visage
    Toi l’Effacée
    Dérobée à ma vue

    Souvent tu me reviens
    Quand je n’attends plus rien
    Sinon de te revoir
    Comme la première fois

    Fausse croyance
    Dirais-tu
    On ne retourne pas en enfance
    Quand on a tout perdu

    Mais tu me reviens quand même
    Dans la nuit nue
    Quand s’ouvre les yeux de l’insomnie
    Sur ton corps en absence.
  • Terminus

    Je reprends le train
    De Paris vers la Beauce
    Je refais le chemin à l’envers
    Tu n’es pas dans le train
    Tu n’y es plus depuis longtemps
    Les champs sont encore verts
    J’avais une main sur ton genou
    Tu portais une robe d’été aussi légère
    Que le vol d’un oiseau

    Je refais le chemin à l’envers
    Tu es toujours dans mes pensées
    Mais le wagon est vide
    Et chaque gare à l’arrêt me ramène
    Au quai que tu as quitté
    Sans te retourner
    Dans un manteau d’hiver masquant
    Peut-être ton sourire ou tes larmes
    Je ne l’ai jamais su

    Ce que je sais seulement
    C’est que tu es toujours en moi
    Comme un coquelicot rebelle
    Qui tache ceux qui le touchent
    Rouge était ta couleur
    C’était la mienne aussi
    Rouge ta robe d’été aussi légère
    Que le vol d’un oiseau
    Rouge mon cœur lourd

    A présent le train arrive en gare
    Non je n’ai rien oublié sur la banquette
    Le wagon est vide et sans voix
    Pour me dire : Je suis bien avec toi
    Impossible de refaire le chemin à l’envers
    Il faut sortir se cogner à la foule
    Prendre le visage des autres sans amour
    Avancer avancer encore vers la sortie
    Vers l’abime de solitude.
  • Fin du jour

    FIN DU JOUR, poème. Par Pascal Hérault.
    C’est la fin du jour
    L’heure que je n’aime pas
    Les volets se ferment
    Et les visages aussi
    Chacun dans sa tanière
    A ramasser la poussière
    Du jour fini

    D’aucuns disent
    C’était une belle journée
    D’autres encore
    Vraiment une journée pourrie

    Chacun dans sa tanière
    Ramasse sa poussière
    Où brillent des étoiles
    Ou des soleils morts

    Ainsi je vais par les rues
    Dérivant dans mon poème
    Sans trouver d’issue
    Les volets sont fermés
    Et les visages aussi.
  • Le Feu follet

    
    
    
    
    
    Il pleut à verse
    J’écoute l’eau couler dans le caniveau
    Je vois ma vie crouler au fond de l’eau

    Je n’ai jamais eu d’attirance pour les gens heureux
    Je connais trop leurs mensonges
    Un portefeuille bien garni
    Une belle cuisine aménagée
    Une nouvelle vie après le sport
    Fais-moi l’amour chéri
    N’oublie pas ton Viagra

    On partira
    Comme on est né
    Dans les cris et les larmes
    Tout le monde assemblé
    Autour du malade
    Ou bien
    La solitude d’une chambre d’hôpital
    Merci de nettoyer la 264
    Un nouveau patient attend
    On fait ce qu’on peut avec les médicaments
    Il ne va pas tarder à crever

    Ou bien encore
    Si on a du courage
    Compter sur le Smith & Wesson 9mm
    Posé sur le chevet du soir
    Une balle suffit
    Viser le cœur
    Viser la bouche
    Repeindre la chambre en rouge
    Pour lui donner un air ensoleillé
    Mais c’est compliqué

    Il faut aller chez l’armurier
    Bonjour je cherche une balle qui tue
    Et produire aussi comble de la vertu
    Un permis de port d’arme
    Pour se zigouiller

    Depuis que je le sais
    L’idée de mourir a jeté sur moi
    Son ombre fatale
    Je n’y comprends que dalle
    A ces philosophes du Carpe Diem
    J’ai beau profiter
    Je vois toujours ma mort
    Se profiler
    Sur l’écran du GPS

    Où faut-il aller ?
    Où est la direction ?
    Pourquoi cette déviation ?
    Je voudrais rentrer chez moi
    Dans ma maison aux murs de charbon
    Sur lesquelles je dessine parfois
    Un oiseau libre
    Une empreinte sur le sable de la plage
    Un bouquet de pivoines explosé de blancheur

    Il pleut à verse
    J’écoute la pluie couler dans le caniveau
    Je vois ma vie crouler au fond de l’eau

    Je suis cela
    Un feu follet
    Dont la lumière vive et brève
    Sera bientôt avalée par la nuit

    Les gens heureux
    Passez votre chemin
    Vous verrez bien qu’un jour
    En dépit du butin
    D’autres prendront votre tour
    Alors plus rien
    Seulement le mauvais jour
    La pluie qui tombe
    La pluie qui tombe à verse
    Et s’en va se jeter au fond du caniveau.

  • Dressage

    Je suis dans ton silence

    Comme un lion en cage

    Je rugis

    Tu te tais

    Je me fais docile

    Tu te tais

    Je t’envoie des mots de mer

    Tu te tais

    Comme la marée en son reflux

    Ainsi va ton dressage

    Qu’à la fin je me tais

    Emmuré dans mes mots

    Doux et durs

    Comme tes ongles acérés

    Reflets de ton propre langage.

  • Prière sans visage

    Je me suis dit
    Va écrire un poème
    Avant que la nuit tombe
    J’ai besoin d’entendre ta voix
    J’ai besoin de voir ton visage

    Alors j’ai écrit ce poème
    Avec mon cœur
    Avec mes doigts
    Te caressant dans la chambre nue
    Comme je faisais autrefois

    Puis j’ai éteint la lampe
    J’ai attendu que tu répondes
    Nulle voix
    Nul visage
    Juste le silence de la nuit.
  • Violence

    En moi tu as insufflé
    La griffe et le miel
    La caresse et le désordre
    Le chaos et la mer étale
    Le désir de l’attente
    Et la torture du silence

    En moi tu as déposé tout cela
    Sans vraiment y croire
    Comme on passe d’une pièce à l’autre
    Comme on feuillette un livre
    Qui bientôt tombera des mains

    Et à présent tout est là encore
    Tout est là sans usure
    Et sans usage
    La pièce tes mains le livre ouvert
    Refusés verrouillés cadenassés
    Par le rasoir de ton silence

    Tu as changé de quai
    Sans me dire au revoir.
  • Flux et reflux

    Si lointaine
    Et dans mon cœur

    La mer reflue
    Tu apparais

    Monte le soir
    Mon cœur se serre

    La mer reflue
    Où es-tu ?

    Dans mon cœur
    Et si lointaine

    Monte la mer
    Mon cœur déborde.

  • Rester ouvert

    Il est tard
    Dans la rue on ferme les volets
    Tu n’aimes pas ce qui se ferme
    Tu ne l’as jamais aimé
    Les volets
    Les cafés
    Les chemins
    Les visages
    Les livres
    Les jambes
    Les bras
    Les yeux
    Les cœurs
    Tu aimes ce qui reste ouvert
    Toujours
    De jour comme de nuit
    Les champs
    Les forêts
    Les lacs
    Les paysages de lande
    Loch Lomond
    Cap Fréhel
    Starnberger See in Bayern
    L’appel de l’océan
    Le vent qui fouette la peau
    Tous les oiseaux
    Tous les cieux ouverts
    Aux dieux tutélaires
    Au je-ne-sais-quoi
    Au promeneur solitaire
    Au mouvement
    A la danse
    A la nage
    Aux nuages
    Au partage
    A l’ivresse douce
    Au cœur aventureux
    A toutes ces choses enfin
    Qui laissent l’esprit ouvert
    En éveil
    Et qui font qu’on s’émerveille encore
    D’un rien
    D’un sourire
    D’une épaule douce
    D’une pierre trouvée sur le chemin.
  • IL BRUINE

    Il bruine

    Il bruine partout

    Sur les lunettes

    Et dans la tête

    Il bruine 

    Comme un chagrin

    Venu de loin

    Qui colle aux yeux

    Qui colle au cœur

    Il bruine dehors

    Il bruine dedans

    Les vitres pleurent

    Un vieux chagrin

    Tout suinte l’iode

    Et les embruns

    La plage brouillée

    La mer partout changée

    En fumée froide

    Un café tremblote

    Dans l’air marin

    Néons malingres

    On pousse la porte

    Bottes et cirés

    Ont élu domicile

    Il bruine encore

    C’est certain

    Mais la bière brille

    Entre les mains

    On se boit un coup

    Et puis un autre

    On oublie le crachin

    La mer fondue grise

    Comme un noyé

    Bottes et cirés

    Bavardent au débotté

    Et on espère

    Qu’on sortira bientôt

    De ce crachin

    De ce chagrin

    Qui colle aux yeux

    Qui colle au cœur

    Quand bien même

    Le soleil revenu

    Tous les deuils

    Ne seront pas effacés.

  • Retour

    J’ai laissé derrière moi la mer

    Comme une amante inassouvie

    La ville est fade 

    Confinée dans la chaleur

    Comme une petite vieille rabougrie

    Où vont ces rues sans horizon

    Sans voiles caressées par le vent

    Ces nageurs nus nageant

    A contre-courant ?

    J’erre

    Je cherche ma place

    Mes dernières pièces au bar

    Tandis que je rêve

    Aux souvenirs de la mer.

  • Nager nu

    Poème qui s’inscrit dans un projet de textes liés au monde de la plage et de la mer…

    Nager nu

    Nager à crue

    Sur un cheval d’eau

    Adieu maillot mailles liens

    Adieu ce qui retient

    L’eau rassemble

    La peau devient

    Eau flux et reflux

    Tout se fond en Un

    Un 

    Anagramme de Nu

    Tout s’unit

    La peau et l’eau

    Devenues amies

    Devenues amantes

    Tout devient sexe

    Étreinte océanique

    Soleil d’eau

    Yin et Yang

    Enlacés

    Rien n’est séparé. 

  • Interview

    Interview du 13 juillet 2025, à l’Echo Républicain, à propos de mon dernier recueil: Bois et Dérivés, éditions L’Harmattan.

  • Le Songe de la mer

    Un jour tu reviendras

    Dans le songe de la mer

    J’aurai laissé ma voix

    Dans les murmures de l’écume

    Je serai ce ressac

    Qui battra encore en toi

    J’aurai depuis longtemps

    Passé l’horizon calme

    Nulle part je ne serai

    Sinon dans ton cœur

    Qui se souviendra combien

    Il fut doux de se connaître

    Et les souvenirs seront là

    Comme ces vagues entêtantes

    Battant contre tes tempes

    Battant contre ton cœur

    Alors d’un regard tu embrasseras

    La mer aux larges épaules

    Je te verrai sans te voir

    En te serrant contre moi

    Dans le songe de la mer

    Où j’aurai disparu.

  • Le Belvédère

    Je me souviens de la maison de Ravel

    On voulait la visiter

    Mais elle était fermée ce jour-là

    Je t’ai prise en photo devant Le Belvédère

    C’était le nom de la maison

    Puis on s’est promené dans les petites rues

    Aux façades de maison de poupée

    Me rappelant que Ravel collectionnait les jouets

    Et qu’on ne lui connaissait encore amour féminin

    Travaillant sans relâche ses partitions jusqu’à l’ennui

    L’église était belle et toi aussi

    Belle cela rimait bien avec Ravel

    Tu m’as dit Je vivrais bien ici

    La campagne tout près de Paris

    Et je me suis vu avec toi dans une grande maison

    Où chacun aurait été libre de vivre sa vie

    On a bu des blancs sous une tonnelle

    On n’avait pas envie de rentrer

    On touchait là un petit paradis

    Fait de maisons sages et de roses trémières

    Encore un dernier verre et c’en serait fini

    Du petit paradis et de cette grande maison

    Où nous ne vivrions jamais

    Jamais nous n’avons revu la maison de Ravel

    Tu es partie vivre ailleurs

    Ailleurs c’est toujours mieux qu’ici

    On n’a pas à attacher son cœur

    Qui tôt ou tard se flétrit

    Comme les roses trémières. 

  • VILLA OUVERTE

    VILLA OUVERTE, poème. ©Pascal Hérault.

    J’ai le soleil sur la nuque et l’ombre dans mon cœur

    J’ai des souvenirs de plage et d’ombre mêlés

    Le parfum des pins dans les dunes

    Je me souviens d’une villa ouverte au vent

    On y allait et venait au gré des marées

    Et des amours conjugués au plaisir de la voile

    On appareillait dans la lumière du matin

    La peau léchée d’écume et de soleil frais

    Vers des routes paresseuses bordées de criques

    On naviguait à vue en riant et en chantant

    On sautait dans l’eau sombre au large du littoral

    La plage au loin s’étirait comme un corps mince

    Plus tard on revenait par vent arrière le spi déployé

    Comme un étendard de joie et d’insouciance

    Les corps essorés d’embruns et de soleil salé

    On s’enfonçait mollement sur le rivage

    Fatigués et ravis d’avoir communié avec la mer

    La faim au ventre comme des naufragés sans blessures

    Plus tard encore dans la villa ouverte au vent

    On partageait le sable et le feu sur la terrasse fraîche

    Dévolue au festin des amours et du vin

    L’avenir se nommait Soleil couchant

    Tout serait beau le lendemain inéluctablement beau

    On s’endormait dans des parfums d’iode et de pins

    Puis à nouveau la plage nous appelait dès le matin

    Comme un royaume une main accueillante

    Qui nous entrainait encore vers l’appel du vent

    J’ai le soleil sur la nuque et l’ombre dans mon cœur

    J’ai des souvenirs de plage et d’ombre mêlés

    J’ai dû toucher là à un paradis qui ne reviendra plus

    Mais je le sens encore dans mon cœur d’ombre

    Quand je foule le sable de mes souvenirs à la nuit tombée

    Sur la plage où dorment les gréments et le vent de demain.

  • Hello World!

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